samedi 11 juillet 2009

Source d'inspiration, respiration...




Il y a l'histoire dont le fil se déroule au rythme des images qui défilent, s'allongent, s'étirent, s'écoulent.. Avec l'apparente tranquilité d'un récit qui ne laisse émerger du drame, que des traits graphiques, des sons, des expressions, une course, une chute.. un arrêt sur image, un visage appuyé contre une vitre, mort, qui semble pourtant juste endormi..


Le temps du récit est là, et néanmoins c'est notre temps à nous, dans lequel Haoyama pénètre avec la chair des émotions, comme la réalité intègre le rêve après nous avoir emplis, et avant de s'incarner à nouveau à notre temps vécu et à vivre. L'identification est forte, nous sommes en lévitation un mètre au dessus du sol, en prise directe avec des images dont le corps et aussi le nôtre. Carte visuelle, graphique et ataviques de nos sensations, comme les signes stigmatiques de nos peurs, nos douleurs, nos luttes, nos traversées vers la lumière..


Nous avançons à la recherche du vide absolu, celui où tout se termine, nous nous délestons progressivement des fautes, des blessures. Le paysage est lavé, presque vide, seule la texture photographique en mouvement, palpitante, non plus structure mais substance nourricière, y est comme la trame d'une vie nouvelle possible..


Il y a les personnages, pleins, quasi-muets, neutres au point de nous laisser entrer en eux. Ils sont les marqueurs de la souffrance jusqu'à l'absurde, axes humains autour desquels temps, paysages et récit se structurent. Avec eux nous respirons, nous faisons retour en nous mêmes, nous nous avançons vers un ailleurs, au dehors de nous, laissant la vie passée sédimentée en strates serrées, souterraines, apprises, acceptées, faire le lit d'une possible vie réinventée à construire.. "Eureka" de Shinji Aoyama - 2000

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