J'aime la légèreté autant que la profondeur de ce moment. Un passage, très court, qui semble durer pourtant. Il ouvre, avec une intense douceur, une brèche dans le tissu de nos souvenirs, dans la mémoire de nos propres rêves.. Celle des vies vécues, ou imaginées, voire ardemment désirées, qui s'entremêlent, agrégées les unes aux autres, incarnant une mémoire absolue.
Ce petit instant de folie tranquille et souriante, léger comme l'éther, remue, espiègle, le dépôt de nos souvenirs en sédiments, et l'atmosphère reste claire pourtant. Les matériaux dont il est fait, s'enchevêtrent, lentement, terriblement simples, comme une vaste trame offerte en scène archétype, où rejouer le théâtre de nos propres souvenirs, précieux comme de petites perles suspendues.. dont il devient l'écrin.
Emir nous offre la beauté de l'instant comme un appel à toutes nos beautés désirées et enfouies. Les images défilent au gré du paysage qui se déroule.. Ecran et véhicule se confondent, cela pourrait aussi bien être une barque, ou l'écran de notre conscience, à flot dans le déferlement des images... Le rythme s'accorde à notre biologie, nous happe, la vie à l'écran, entrant en nous comme on entre dans un demi-sommeil, juste avant le rêve.
Nous sommes Axel... dormant et éveillé en même temps, ou bien serait-ce l'inverse? Enfoncé dans les replis du sommeil pour voir plus distinctement la couleur de nos rêves, et ne rien laisser passer de ce moment singulier.
Alors rêve ou réalité? Cette rivière d'images, tranquille et leste serait donc le corps des songes d'Axel, matérialisés, incarnant, jusqu'au merveilleux, le paysage où se déroule la scène... J'aime la folie truculente d'Emir, son génie, à mettre en images, boucles mobiles, la puissance du désir dévorant, déraisonnable, celui-là même qui charrie tous nos rêves les plus fous..
Ecoutez cette berceuse joyeuse, coquine.. Qui a déjà vu hissés sur des pieds graciles, des mythes roses à quatre roues, qu'une silhouette fragile et désinvolte, nettoie négligemment d'un balai... Je repense au cochon dévorant une voiture, scène leitmotiv dans "Chat noir, chat blanc"... Il y a dans ces films une poésie aussi douce et belle, que l'ironie est joyeuse et humaine. Je collectionne ces moments avec délice, comme autant de portes ouvertes vers d'autres cheminements que je poursuis...
Extrait de "Arizona Dream" - 1993 - Emir Kusturica
Ce petit instant de folie tranquille et souriante, léger comme l'éther, remue, espiègle, le dépôt de nos souvenirs en sédiments, et l'atmosphère reste claire pourtant. Les matériaux dont il est fait, s'enchevêtrent, lentement, terriblement simples, comme une vaste trame offerte en scène archétype, où rejouer le théâtre de nos propres souvenirs, précieux comme de petites perles suspendues.. dont il devient l'écrin.
Emir nous offre la beauté de l'instant comme un appel à toutes nos beautés désirées et enfouies. Les images défilent au gré du paysage qui se déroule.. Ecran et véhicule se confondent, cela pourrait aussi bien être une barque, ou l'écran de notre conscience, à flot dans le déferlement des images... Le rythme s'accorde à notre biologie, nous happe, la vie à l'écran, entrant en nous comme on entre dans un demi-sommeil, juste avant le rêve.
Nous sommes Axel... dormant et éveillé en même temps, ou bien serait-ce l'inverse? Enfoncé dans les replis du sommeil pour voir plus distinctement la couleur de nos rêves, et ne rien laisser passer de ce moment singulier.
Alors rêve ou réalité? Cette rivière d'images, tranquille et leste serait donc le corps des songes d'Axel, matérialisés, incarnant, jusqu'au merveilleux, le paysage où se déroule la scène... J'aime la folie truculente d'Emir, son génie, à mettre en images, boucles mobiles, la puissance du désir dévorant, déraisonnable, celui-là même qui charrie tous nos rêves les plus fous..
Ecoutez cette berceuse joyeuse, coquine.. Qui a déjà vu hissés sur des pieds graciles, des mythes roses à quatre roues, qu'une silhouette fragile et désinvolte, nettoie négligemment d'un balai... Je repense au cochon dévorant une voiture, scène leitmotiv dans "Chat noir, chat blanc"... Il y a dans ces films une poésie aussi douce et belle, que l'ironie est joyeuse et humaine. Je collectionne ces moments avec délice, comme autant de portes ouvertes vers d'autres cheminements que je poursuis...
Extrait de "Arizona Dream" - 1993 - Emir Kusturica
1 commentaire:
Part de rêve est part de vie. Même les pierres rêvent : Même quand la vie est pierre, la vie rêve.
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