jeudi 21 octobre 2010

Pour Mémoire, traces: Abel Ferrara

















©Brad Stevens Abel Ferrara: la vision morale
FAB Press, Godalming, Surrey, Royaume-Uni, 2004



"La violence, c'est quand même terriblement graphique. Il y a dedans une énergie cinégénique incroyable. On entre dans le domaine de la métaphore, du symbole" Abel Ferrara 


Ce qui m'attire chez Ferrara c'est autant l'esthétique, d'une grande sobriété, que la narration, faite de la chair même des personnages, comme de celle des acteurs, mises au service d'un contenu qui a toujours du corps, et dont le propos et la puissance nous transpercent.

Il s'agit de cette capacité qu'il a de nous faire sentir l'humanité de ses personnages, et par la même de nous rendre la nôtre, parce qu'en suivant des pans de leurs existences, nous percevons à quels point nous sommes semblables dans nos quêtes et  nous prenons soudain conscience de nous-même, autrement.  Les préoccupations toutes en errances de ces individualités, peuvent nous toucher, car elles sont aussi les nôtres, peut-être bien au-delà de ce que nous voyons ou croyons voir.

Oui, il y a ce que nous ressentons et que nous enfouissons profondément, parce nous ne désirons pas nous en souvenir. Ferrara nous amène brutalement à y replonger et à nous rendre compte qu'au delà de notre petitesse d'êtres si seuls, il y a une certaine noblesse à être dans ce monde, en relation avec d'autres êtres tout aussi seuls que nous. Est-ce donc là la nature de ce qui nous relie?

Et c'est par cette plongée au coeur du réel et plus loin encore au coeur de l'intime, que le réalisateur dépeint la vision de ces ailleurs qui nous enveloppent et nous rassemblent, ainsi que la nature de toutes ces choses qui s'érigent entre nous, telles que le manque, la dépendance, l'addiction, la violence... mais n'est-ce pas nous qui les créons?  Et nous les montrant, il nous offre de nous en saisir, ou pas. Nous avons le choix.

ARTICLE: "Abel Ferrara et les figures du mal" Dominique Vergnes

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Pour mémoire, traces: Cy Twombly

Cy Tombly dans son Atelier ©Editions Assouline

"Peindre implique un état de crise, ou du moins le moment crucial de la sensation" Cy Twombly. 1957.

Le peintre parle là, de sentir et non pas de voir , ou alors il s'agit bien d'un au-delà de la vision, dont il s'affranchit, donc de ce qui la précède ou ce qui lui succède, et de comment on traduit cet "état de crise" où survient "la sentation", l'offrant enfin, à la vision.


"(...) le "gauche" (ou le gaucher) est une sorte d'aveugle: il ne voit pas bien la direction, la portée de ses gestes ; sa main seule le guide, le désir de sa main, non son aptitude instrumentale; l'oeil c'est la raison, l'évidence, l'empirisme, la vraisemblance, tout ce qui sert à contrôler, à coordonner, à imiter, et comme art exclusif de la vision, toute notre peinture passée s'est trouvée assujettie à une rationalité répressive. D'une certaine façon, Twombly libère la peinture de la vision, car le "gauche", (le "gaucher") défait le lien de la main et de l'oeil, il dessine sans lumière.. (...) " Roland Barthes extrait de "Cy Twombly ou Non multa sed multum" in "L'obvie et l'obtus, Essais critiques III" cité par Leeman

SITE WEB: http://www.cytwombly.info/ Une large et belle iconographie.

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