Le paysage défile, j'emporte un bout de la chambre avec moi. Penche-toi un peu, regarde, tu verras. Dos sur le lit, tête en bas, les moutons se détachent du matelas et s'attroupent au plancher. Dans la poussière, qui brillent, quelques billes oubliées, une vieille poupée sans tête, des lèvres rouges en coeur sur une feuille de papier.. je me retourne.
La chambre est renversée, c'est comme un carrousel. La grande roue par un jour de soleil. Plisse les yeux, tu passes de la couleur au noir et blanc, tu vois mieux? Alors, que reste-t-il? Les moustiques au plafond. Je lance une savate. Elle retombe sur mon nez. C'est un de ces jours où il vaut mieux ne pas bouger.
Pensée au sol, lévitation, je glisse entre les herbes, il y a trop de poussière et de terre dans mes yeux. Ankylosée je m'étire, le lit grince.. Je décolle..
L'esprit-dirigeable, je prends appui, le vent me fait des ailes, et l'oeil perçant... Dans l'épaisseur de la digue, les tracas minuscules disparus fossilisent. Goéland, je vire vaste, les souvenirs de tempêtes bouillonnent en fin d'écume, éclatent et fusent.. Je suis Nils Holgersson. Et j'ai faim!
Couchée dans ce champ, tu touches la voûte, tes pieds sont bleus, qu'attends-tu? La prochaine navette? La lune..! Et tremper mes jambes dans l'eau du ciel pour jouer avec les méduses de coton.
Poumons à plein désir, suivre le vent qui couche les blés, l’horizon n’a qu’à bien se tenir, franchies sept lieues d'un coup!
Le temps s'étire élastique, je mange un bout de banquette, ma soeur me prête dent forte. Le nez dans la grotte en mousse, c'est l'heure de la découverte. Le froid de la structure nous appelle, explorer.. -"Non! mais c’est quoi ce trou! Donne leur un goûter avant qu’elles ne mangent le reste!"- Fous rires aux dents blanches, gâteaux de noêl en été et ....fessées. Pfff! Trop chaud, trop loin: -"c’est quand qu’on arriiiive???"- La 505 ronronne.. -"Demain!"- Le chocolat a fondu sur la lunette arrière....... -"Merci qui?"-
-"Pourquoi, le petit Jésus l'est pas dans la voiture!"- "Tu prends tes désirs pour des réalités?" - "Mais... qu'est-ce que ça veut dire?"- Déconfiture.. Il ne faut pas troubler l'image des enfants propres. Alors, dans leur étui de cuir, les sauterelles dessèchent, oubliées, reste la queue du lézard dans la boîte en plastique, le crabe a rétréci dans le fond du seau, à sec.. -"Tant pis, tant mieux"-
S’amusent et se télescopent, mes idées collées au plafond, ça s’embouteille. Ouvre la fenêtre, en-voiles-toi à nouveau.. Le volet claque dans le vent, mes oreilles bourdonnent. J'entends le chant de la tuile à loup. J'ai décroché un morceau d'éther, sauvé le paysage, gravé les mots sur ma tablette interne, et rangé mon enfant-image avec mille mots pas sages.
Un fumet profond et goûteux s'enfile dans mes narines.. Je referme la porte sur la malle du grenier, c'est l'heure de manger..
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