samedi 6 août 2011

Mood of my day


Sleeping on The Ceiling - Lilian Hak from Taylor Hubbard on Vimeo.


Théâtre des vies, mêlant les scènes, où la coulisse domine, sans jamais se montrer. Deux visages, une comédie. Côté jardin, on se regarde parfois. Et puis l’on se détourne et fixe un autre point. - Ainsi, au plafond, lézarde une araignée, surveillant du coin de ses facettes, le coléoptère qui vient de se poser... - De sorte qu’on oublie. Ou bien qu’on a moins peur - ..Et la voilà hélitreuillée, la libellule. Vibrantes élytres, puis tout est noir.. - Est-ce le mal à l’oeuvre, ou simplement la vie ? Les âmes des uns ne seraient-elles que nourriture pour l’esprit affamé des autres, avides calculateurs, comment dit-on déjà...? La raison des loups a trouvé sa cité, ad vitam aeternam, ou si ce n’est que la mort l’interrompt..

À mesure que le jour avance, la vérité change à la course du soleil. J’entends encore la voix de ces prétendus maîtres. « Silence on tourne ! » La roue s’accélère, la magie opère, la comédie devient l’art de la vie, .. puis tout se fige, la vie elle-même se suspend, qu'on jette négligemment  en travers des décors désertés, et la magie s’éteint, dans une malle rangée, serrée. Epigones racornis, comme un vieux poumon séché libérant son dernier souffle.

Je m’incruste ou je m’extirpe? M’arrache et m’étrille le chant profond du vent qui ne s’apaise pas, labour, brocquart de velours, lacéré dans sa belle largeur. Il parcourt les rues vides, tantôt léger, tantôt poison, plomb liquide fondu aux vocales parois...


Et le grain joyeux de ta voix, encore à mi-tempes, même quand tu n’es plus là. Restent les masques grotesques au sourire figé, au fard épais qui s’effrite, et ne cache plus que du vide. Et si c’était juste le néant? 


Et toujours cette voix qui s’insinue, m’entoure et m’enveloppe, m’enrobe et m’emporte, et moi qui l'aime tant, m’écorche et me dévaste pourtant. 


Me voilà pleine de vide, plongée dans un bain où l’infinie tendresse tutoie le désarroi. Elle me connaît si bien: “Tu sais que l’amour file, facile, sur la ligne d’horizon, jongleur dansant et éphémère, sur l’arrête coupante entre Eden et Gouffre, il n’a de poids que lorsque tu le pièges dans ton filet comme papillon”. 

Et … à nouveau, cette voix qui se faufile, m’enserre, lancinante, réconfort et camisole. Hallucinée.

J’ai goûté ton nom, enfilé tes peurs comme un manteau trop lourd. Je flotte dans le souvenir, car c’est l’air que je respire, traversant les replis de mon âme grisée. As-tu laissé la tienne en chemin? Moi je dis qu’elle pèse si lourd que tu serais bien en peine de la soulever seul. Ritournelle leitmotive, parle-moi du feu, dis-moi où il siège, dis-moi d’où il vient, et surtout comment on le retrouve? 

Les yeux perdus dans un patchwork qui ressemble au chaos à force d’être dense, une vieille malle remplie à la hâte d’effets disparates et inutiles, je sens, cruel et douloureux, le fil de tes mots absents cousus sous ma peau. De ceux qu’on avale comme une bouchée de verre.

Je pensais à cette vie fantôme, cette autre vie. Est-ce la lune que tu voulais décrocher?, te voilà dans le caniveau. Qui est insecte affolé, écartelé entre deux pôles de néon? .. Décroche-moi ! Je voudrais .. tant, ne plus être cette entité transitoire entre deux néants. Je voudrais.. tant, valser légère au son de la vie qui court. Déplacée, dérivée, ombre mammifère au cerveau reptilien traversant les frontières à coup de pensée labyrinthique, à la recherche du coeur de l’homme que la vie coupe en deux. Bien ou mal, … point de vue obsolète.., il est rhizomes organisés, de greffes curieuses en solides hybridations. Je voudrais me hisser par ses racines, sortir de ma réserve, imprégnée des couleurs du Holi, me mêler aux déesses, croire, même pour quelques secondes, que j’en suis une aussi... Frôler les ailes de l’ange et redescendre enfin, sur le sol établi.. accueillie..

Imagine un écran, deux visages distants, superposés par la magie du cinéma, dans un même espace scénique devenu réalité. C’est un gros plan... Ils sont si proches que leur nez se frôle. Et puis c’est la fusion, deux sphères en collision, leurs visages s’entremêlent et sont joue contre joue, peau contre peau, doux, chaud.. Où est la vérité de l’instant, hors l’écran, sur la scène ? La vie n’est-elle pas une somme de désirs, de rêves et de sursauts, hoquets de réalité entremêlés? Faut-il qu’une scène soit pleine et consciente à demi, apprise, jouée, machinale et sans surprise, et puis enfin si consciente, qu’elle s’en trouve désertée? Faut-il qu’une porte soit ouverte ou fermée? De sentiments déguisés, en feintes de rigueur, peu discrètes mais tellement admises, quelle place encore pour ces délicatesses, quand les tendresses d’alors sont oubliées...

Assise en haut de la dune, hiératique, fausse madonne, les yeux distendus qui fouillent la terre à la recherche d’un bonheur, tout archéologique. Je me demande encore ...quel trésor, pour quel coeur? Tire-au-flanc, le ciel fait des ronds dans l’eau, pas d’effusions, juste une petite pluie de tendresse, douce et chaude comme une nuit d’été.. Et juste savourer..

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